La première trace de sa présence en Nouvelle-France
La première trace de sa présence en Nouvelle-France est son inscription au recensement de Montréal en 1666. Ce recensement a été réalisé au printemps 1666 sous l’intendance de Jean Talon et à la demande de Jean-Baptiste Colbert, ministre de la marine et des colonies de Louis XIV. Il avait pour but de « mieux connaître la véritable force et les différens mestiers de ses colons ».[1] Il contient l’âge, la profession et le lieu de résidence de chaque individu.
Il a 29 ans. Il est domestique engagé chez Jean-Baptiste Migeon de Branssat, marchand, commis de la Compagnie des Indes occidentales, procureur fiscal, subdélégué de l’intendant, juge et seigneur [2]. Celui-ci sera présent au cours de la vie durant de Barthélemy. Il sera présent lors de la signature de son contrat de mariage [3] et il est le parrain de sa fille Cunegonde VINET-LARENTE [4].
Contrat d’engagement
« Pour reprendre la définition de Louis de Buade, comte de Frontenac « un engage est un homme tenu d’aller partout et faire ce que son maître lui demande comme un esclave, durant le temps de son engagement ». [5]
Issu du droit coutumier, le contrat d’engagement est un contrat de travail à durée déterminée pour l’exécution d’une tâche précise en échange d’un salaire, le tout défini en termes juridiques et scellé par un acte passé devant notaire. Le plus généralement d’une durée de trois années, le contrat d’engagement prévoit des avantages en nature (traversée, logement, nourriture). À son échéance, l’engagé a la possibilité de s’établir dans la colonie. [6] Les archives n’ont pas encore révélé son contrat d’engagement.
Mais qu’est-ce qui a bien pu pousser Barthélémy à s’engager pour la Nouvelle-France ?
Marie-André Lachapelle [7] mentionne que pour la grande majorité des cas « La chance offerte de pouvoir gagner un salaire, un toit et de la nourriture, tout en étant assuré de pouvoir retourner en France constituait, croyons-nous, la motivation principale de ces jeunes hommes du XVIIe siècle à s’engager pour la Nouvelle-France. Comme nous le démontrent les statistiques, près des 2/3 des immigrants du XVIIe siècle seraient repassés en France après un bref séjour au Canada ; l’engagement ne représentait donc pas nécessairement un prélude à l’émigration définitive, mais bien un moyen comme un autre de travailler. »
Son contrat d’engagement et son embarquement pour la Nouvelle-France sont également inconnus pour le moment. On peut émettre l’hypothèse que sa venue en Nouvelle-France est 1665 [8]. Michel Langlois dans son livre intitulé Carignan-Salière 1665-1668 [9] mentionne qu’au cours de l’année 1665 « près de cinq cents colons sont venus grossir les rangs de la population de la Nouvelle-France. Comme aucune liste n’a été conservée des passagers des navires venus au cours de cette même année, comment alors différencier soldats et colons [10] ». Ce qui rend plausible cette arrivée en 1665.
[1] Talon et Colbert, 13 novembre 1666, Rapport de l’archiviste de la Province de Québec, 1930-1931 . Référence tirée du livre de Charbonneau Hubert, Légaré Jacques, La population du Canada aux recensements de 1666 et 1667. In: Population, 22ᵉ année, n°6, 1967. pp. 1031-1054, extrait consulté sur Internet à l’adresse suivante : http://www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1967_num_22_6_11236, le 12 mars 2017.
[2] Jean-Jacques Lefebvre, « MIGEON DE BRANSSAT, JEAN-BAPTISTE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003, consulté le 13 janv. 2015, http://www.biographi.ca/fr/bio/migeon_de_branssat_jean_baptiste_1F.html.
[3] Notaire Bénigne Basset dit Deslauriers, Contrat de mariage entre Barthelemy Vinet dit La Rente et Estiennette Alton, 12 juin 1689, numéro 820, (BAnQ, microfilm 620.7)
[4] Registres paroissiaux et actes d’état civil du Québec (Collection Drouin), 1621 à 1967, Acte de baptême, Paroisse Notre-Dame, Montréal, 18 février 1674
[5] Lachapelle, Marie-Andrée, L’insertion sociale des engagés dans les campagnes du gouvernement du Québec dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval pour l’obtention d’un grade de Maître ès art (M.A.), Faculté des lettres, université Laval, 1999
[6] Archives départementales de la Charente-Maritime /http://www.archinoe.fr/cache/archives_anciennes_anterieures_a_1790__engage_historique_pdf_1.pdf, consulté le 19 février 2017
[7] Lachapelle, Marie-Andrée, L’insertion sociale des engagés dans les campagnes du gouvernement du Québec dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval pour l’obtention d’un grade de Maître ès art (M.A.), Faculté des lettres, université Laval, 1999, p. 15
[8] Il a reçu une concession de terre à Lachine de Robert Cavelier de La Salle, le 16 décembre 1668. Cela coïnciderait avec à la fin de son contrat d’engagement en présumant que celui-ci a été de trois ans comme dans la majorité des engagés en Nouvelle-France.
[9] Langlois, Michel, Carignan-Salière 1665-1668, La maison des ancêtres inc., version corrigée – Mai 2015 pour publication électronique seulement. La version originale est de 2004.
[10] Idem, p.5